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SOUVENIRS

ces gentilshommes d’Anjou ne sont aucunement de sa maison. Je leur ai conseillé de ne pas s’opiniâtrer dans une prétention que je trouve absurde ! Si la chose arrive en justice et qu’elle aboutisse à l’audience, ils auront à s’en repentir ; et voilà tout ce que j’en puis dire aujourd’hui.

Je supposai que Chérin avait découvert quelque trace de réhabilitation, ou peut-être même un acte d’anoblissement pour cette famille, ce qui la rejetterait à tout jamais à l’écart et à cent lieues de ce qu’on appelle gens de bonne maison ; car vous savez bien que la première et principale condition de toute véritable noblesse est de n’avoir aucune origine connue (ceci pour être censé remonter jusqu’aux temps héroïques du moyen âge et ce qu’il est convenu d’appeler la nuit des temps). Ce principe de noblesse indépendante est resté si bien imprimé dans les vieilles idées et les habitudes françaises que l’essentiel est toujours ici, pour une famille noble, de ne pas se trouver classée parmi les anoblies. C’est une position qu’on n’accepte jamais sans quelque violence ; aussi poursuit-on presque toujours des lettres de réhabilitation quand on a commencé par solliciter et finit par obtenir des lettres d’anoblissement. J’ai su que la famille des anciens Séguier, qui n’existe plus, avait détruit le premier acte de ses priviléges, aimant mieux perdre un demi-siècle d’antiquité plutôt que d’avouer qu’elle devait sa noblesse à autre chose qu’à la grâce de Dieu. La vérité pure est que les anciens Séguier descendaient d’un valet de chapelle du roi Louis XI. Je n’ai rien à dire de ces nouveaux Séguier, qui sont des Gas-