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SOUVENIRS

avec son frère le Baron d’Escars. Elle aperçoit derrière la grille une figure immobile ; on s’approche en lui disant Jéma, elle répond Jéta ; la grille s’ouvre ; on lui recommande de ne témoigner aucune surprise et surtout aucune désapprobation. (— Vous seriez cause de ma mort…) Elle avait reconnu la voix, si ce n’était la figure de M. de Caylus, à qui sans doute elle avait déjà promis de ne manifester aucun sentiment qui pût inquiéter cette réunion d’adeptes. Elle m’a dit qu’en montant l’allée couverte qui conduit de ce pavillon sur les Champs-Élysées au corps du logis, elle avait éprouvé du trouble, avec un saisissement si douloureux qu’elle fut obligée de s’arrêter et de s’asseoir sur un banc de gazon. — J’ai peur ! je ne veux pas entrer, je veux m’en aller, dit-elle en se levant brusquement et se dirigeant du côté du pavillon. — Il est trop tard, lui répondit son guide avec un accent d’effroi qui redoubla son inquiétude… Le poste de la grille est occupé par un autre factionnaire… Vous ne sauriez sortir d’ici que par la rue du Faubourg Saint-Honoré, ce qui est impossible sans traverser la maison… Vous allez compromettre… Vous allez nous exposer… Vous allez me dévouer à des malheurs inévitables !

Enfin, plus morte que vive, elle se laisse entraîner jusqu’à la porte de ce joli boudoir qui se trouve au bout de l’allée couverte ; elle entre, et l’intérieur de ce cabinet était dans une obscurité complète. M. de Caylus se met à frapper mystérieusement sur une boiserie, par petits coups martelés, de manière à former des phrases maçoniques au moyen des nom-