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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

années jusqu’en 1778. Je reviendrai sur mes pas afin de vous dire un mot sur M. le duc d’Orléans (fils du régent), qui venait de mourir dans une petite chambre à l’abbaye Sainte-Geneviève, où il s’était retiré pour y fulminer des anathèmes contre les juifs et les comédiens. Nous sommes censés à l’époque où fkorissait Mme de Montesson, sœur de Mme du Crest, côte à côte avec le quatrième Duc d’Orléans, père de Philippe-Égalité.

Quoique je n’eusse aucune relation familière avec le Palais-Royal, non plus qu’avec la coterie des encyclopédistes, ils imaginèrent de se servir de moi pour acquérir la protection du Duc d’Orléans. J’avais su que Dalembert était allé trouver la femme du Marquis de Sillery pour l’engager à solliciter Mme la Duchesse de Chartres, afin qu’elle voulût bien s’interposer entre M. le Duc de Penthièvre, son père, et le philosophe Condorcet. Il lui toucha quelques mots (Dalembert à Mme de Sillery) sur la convenance et l’utilité d’un traité d’alliance offensive et défensive, à condition qu’elle ne cabalerait pas avec les dévots, et sur toute chose, à condition qu’elle ne s’attaquerait jamais aux écrivains de l’Encyclopédie. M. de Schomberg avait prévenu Diderot que Mme de Sillery se préparait à écrire contre eux, ce qui les effraya beaucoup, à cause de l’opinion du grand monde et de la cour du Palais-Royal dont Mme de Sillery était devenue l’oracle, et surtout à cause des Évêques et des parlementaires qui n’attendaient qu’une occasion pour instrumenter contre l’Encyclopédie. En outre, ils auraient voulu capter en sa personne la nièce de Mme de