Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

chesse d’Elbœuf, « était la beauté même, et la sagesse infuse. »

Elle avait une taille admirablement bien prise et haute, avec un maintien digne, un air imposant, obligeant et doux. C’était une Junon chrétienne, héraldique, et toujours bien poudrée, bien appuyée sur ses hermines de Bretagne et mouchetée de croix de Lorraine à profusion. Elle avait une manière toute particulière de faire placer son rouge, c’est-à-dire en ligne absolument droite au plus près des yeux, dont cette couche de brillant carmin glacé d’argent ne diminuait certainement pas l’éclat, tandis que les trois autres lignes inférieures et latérales allaient s’arrondissant en courbe avec une grâce parfaite, à distance égale du nez et des oreilles, et sans jamais tomber au-dessous du niveau de la bouche, ce qui donnait à tout son air de tête une grande distinction. Elle avait du bon sens avec un très bon goût, peu d’esprit avec une réserve charmante, et pour vous donner une idée de son caractère, il est suffisant de vous en rapporter ce qui va suivre.

Elle n’était pas toujours également satisfaite de la bonne tenue de son mari (le Prince Louis de Lorraine, Grand-Écuyer de France), attendu qu’il ne se montrait pas toujours en assez bonne compagnie ; aussi lui dit-elle un jour en ma présence, avec un air solennel et de parti pris : — Monsieur, si je vous rencontre encore dans les Tuileries vous y promenant avec MM. Rivarol et Champcenets, vous pouvez compter et je vous donne ma parole d’honneur, que je leur ferai la révérence !!!…