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SOUVENIRS

séniste à l’excès ! à l’égal de saint Cornélius de Jansen, de saint Quesnel, de saint Soanen, de saint Pâris et de saint Cyran lui-même ! — Saint saint-Cyran, reprit-elle ; en parlant de notre saint Frère le saint Abbé du Verger d’Hauranne, il faut dire saint saint-Cyran ; il est deux fois saint !

Ce mauvais garçon lui dit ensuite qu’il avait eu le bonheur et l’édification d’assister à l’administration des coups de bûche, à la crucification secourable et au reste de la passion de Sœur Françoise (Mlle Bergerat), ce dont il avait éprouvé toute sorte d’admiration pour elle. — Il avait une dévotion toute spéciale pour les reliques du petit Cottu, et particulièrement pour ce bienheureux bossu que les molinistes avaient martyrisé. — Il était vrai, il était obligé de convenir, il avouait humblement, qu’il avait senti quelques mouvemens d’attrait sensuel et de prédilection corporelle pour Sœur Angélique (Mlle du Verger d’Hauranne, qui avait au moins soixante et dix ans), il avait eu l’idée de la demander en mariage, mais elle avait fait vœu de célibat, et d’ailleurs elle était fort entichée de sa noblesse. — Il avait peut-être un peu trop d’animosité contre les jésuites ? Mais le principal défaut qu’il avait et qu’il avouait, c’était une malheureuse infirmité naturelle, originelle et honteuse, qui consistait dans l’effervescence et l’ardeur d’un sang trop amoureux, d’où venait qu’il devait se marier le plus tôt possible, afin de se prémunir contre les tentations de la chair et les distractions de l’esprit ; il avait pensé que Sœur Françoise aurait peut-être assez de charité pour