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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

celier qui n’en déridât son front soucieux, et celui-ci fit dire à l’Abbé-Général de l’ordre de Citeaux que s’il entendait jamais reparler de cette requête, ce serait à moi qu’il adresserait et renverrait les révérends pères de Morimont. Ce relâchement pour l’observation des règles monastiques, avec la manie des sécularisations, était encore un des produits et des bienfaits de la Régence.

L’Abbé de Pâris mourut à 35 ou 36 ans, dans un grenier du faubourg Saint-Jacques, et d’inanition, de froid, de misère ! On l’inhuma dans le petit cimetière de la paroisse de Saint-Médard au même quartier Saint-Jacques, et l’on fut assez long-temps sans entendre parler de son tombeau. Voici quels étaient ses principaux disciples en Jansénius.

Au premier rang, et de toute manière, on y voyait figurer la Baronne de Montmorency (je vous ai déjà parlé d’elle à propos de sa nièce, Mlle de Charette, dont elle aurait voulu forcer la vocation religieuse, et qu’elle a déshéritée totalement). Elle allait ouvrer chez le saint Diacre, comme ils disaient, c’est-à-dire ajuster des brides sur des sabots, et travailler à faire de si vilaines chemises en toile si grossière que les plus pauvres gens ne s’en voulaient pas servir crainte de s’écorcher le dos. Il en était ainsi, pour leur gosier, de la soupe aux pois chiches qui se fabriquait chez le saint Diacre, où tous ses disciples allaient écumer la marmite à tour de rôle. Si les mendians n’en mangeaient pas, c’est qu’ils n’en voulaient point. Il n’y avait jamais que des aveugles qui s’arrêtassent à la porte de l’Abbé de Pâris et c’était sûrement parce que leurs conduc-