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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

maison du Seigneur ! s’écria-t-il en regardant sa tante avec un air comminatoire et pharisaïque. Ensuite il se prit à dire à un laquais qui portait le sac d’église de la Présidente et la queue de sa robe : — Ne frémis-tu point de ce que tu vas faire en présence du Dieu jaloux ? — et crac, il abat d’un coup, au tranchant de son avant-bras, la queue de cette belle robe qui s’échappe des mains du laquais et tombe dans la poussière sur les marches du péristyle. — Mais le vilain fou, dit-elle, ne veut-il pas que je me salisse et que je laisse traîner mes robes, afin d’être aussi malpropre que lui ?

— Allez, Monsieur, allez ! s’écriaient les deux laquais et le cocher de Mme Talon (qui en étaient rouges de colère), si ce n’était à cause de l’excommunication parce que vous êtes peut-être dans les ordres, nous vous casserions joliment les os pour avoir osé porter la main sur la robe de Madame la Présidente, que toute sa famille condamne à mort et que son mari en a fait pendre qui valaient cent fois mieux que vous, peut-être plus de deux mille !

Voltaire en avait fait une sorte de complainte que je ferai mettre dans mes pièces justificatives. Elle est amusante[1].

On eut connaissance à la même époque d’une singulière requête des moines de Morimont, autres jansénistes, qui sollicitaient du Roi la faveur de sa

  1. Voyez Prédication janséniste de M. l’Abbé de Pâris, Conseiller du Roi en sa cour des Pairs et de Parlement, relativement à la manière de fricasser les choux rouges. Suivie d’un sermon moliniste de Mme la Marquise de Créquy sur le déplorable et scandaleux état de la culotte du saint Diacre.