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RELATION
DE M. DUDOYER DUGASTET,
touchant
les convulsionnaires et la séance de ces jansénistes,
le vendredi-saint de l’année 1760.
(Extrait de sa lettre adressée à M. le Président Nicolai.)

J’avais voulu m’introduire au mois d’août 1759 chez les sœurs Félicité et Madelon. Un médecin qui les connaissait m’avait donné pour l’une d’elles une boîte de pilules et une lettre où il exaltait ma piété et mon attachement à l’œuvre de Dieu. Sœur Madelon était absente lorsque je me présentai chez elle ; M. de la Barre, son directeur, reçut la boîte, et nous ne parlâmes de rien ; je ne lui communiquai pas la lettre du médecin. J’allai chez sœur Félicité, à qui j’en fis la lecture ; elle sourit, me parla avec bonté, me dit « que pour le présent elle et ses compagnes ne recevaient point de secours, parce que Dieu avait changé leur état extérieur en un état intérieur ; qu’elle me ferait avertir quand il y aurait quelque chose ; qu’elles étaient trois ; que l’une d’elles représentait l’église, l’autre la synagogue, la dernière le peuple élu… » Je me recommandai à ses prières ; et je la perdis de vue