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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

prière, on le surprenait souvent, dans l’intérieur de son appartement, le corps prosterné et le visage appliqué contre terre. Il ne perdit rien dans sa solitude de son profond respect et de son attachement pour Sa Majesté. On sait avec quelle douleur il apprit sa maladie qui lui fit verser des larmes, et peut-être est-ce à l’assiduité et la ferveur des prières de ce grand Prince que la France est redevable de la conservation de son Roi. Souvent on lui entendait dire : Le Roi est notre maître, nous sommes ses sujets ; ainsi nous lui devons respect, attachement et obéissance. Il témoigna une joie extrême à la naissance de Monseigneur le Dauphin. Une tendresse respectueuse l’attacha toujours à S. A. R. Madame la Duchesse d’Orléans, sa mère, morte en 1745. Il aima toujours tendrement Monseigneur le Duc de Chartres, aujourd’hui Duc d’Orléans. Il en entendait parler avec joie, et si l’on ne dit pas avec orgueil, c’est parce que sa piété lui interdisait un pareil sentiment. On s’apercevait néanmoins de la satisfaction qu’il ressentait lorsqu’on s’entretenait des grandes qualités de ce Prince, et surtout de la manière dont il s’était signalé dans nos armées à la journée d’Ettingen. Mais ce qui rendra sa mémoire à jamais précieuse et chérie de la France entière, c’était son zèle éclairé pour le bien public et pour les malheureux. De quelque âge et de quelque sexe qu’ils fussent, ils étaient assurés de trouver de la compassion dans le cœur de ce Prince. Quatre fois la semaine, il donnait audience à tous les pauvres de Paris dans le cloî-