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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sonnerie) arrivèrent méthodiquement à la portière de son carrosse, avec leur hallebarde à la main. Ils avaient eu l’attention de s’habiller en grande livrée couleur de buffle, à galons amaranthe nattés d’argent ; ils n’avaient eu garde de manquer à passer leurs baudriers à franges, où l’on voyait attachées de longues rapières ; ils étaient coiffés d’un tricorne exigu surmonté d’un plumet aux couleurs de Beaumont-des-Adrets. C’est pour tout cela qu’ils avaient ! fait attendre Mme la Maréchale pendant une demi-heure, et quand elle eut déclaré qu’elle voulait parler à M. l’Archevêque, on lui répondit que sa Grandeur était ou devait être en retraite au séminaire de Saint-Magloire, à moins qu’elle ne fût allée passer la fête de Saint-Bruno avec les Révérends Pères Chartreux de la rue d’Enfer, ou bien qu’elle ne fût allée se reposer en son château, de Conflans-Sainte-Honorine. On supposait aussi que Monseigneur était peut-être allé coucher à Saint-Cyr, où M. l’Êvêque de Chartres ne manquait jamais à l’inviter pour le service anniversaire de Mme de Maintenon. Il était donc impossible de savoir où trouver Mgr de Beaumont avant le moment de son entrée dans d’église de Panthemont, pour la cérémonie du matin ; le jour commençait à poindre, et Mme de Beauvau s’en retourna bien affligée.

La Maréchale revint au monastère de Panthemont dès sept heures du matin, et fit dire à l’Abbesse qu’elle serait bien aise de lui parler le plus tôt possible. Mme de Richelieu fit répondre qu’elle ne pouvait aller au parloir parce qu’elle était obligée de se rendre au chœur, à l’office des heures canoniales.