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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

— Mais, monsieur Tiercelet, lui répliqua le Premier-Laquais, c’est Comtois qui doit faire la course du marais et qui doit s’en revenir par l’hôtel d’Uzès, qui est tout en haut de la rue Montmartre ; je crois bien qu’il ne pourra pas le même jour…

— Envoyez-y donc Lafrance ou Bourguignon, mais n’allez pas envoyer en commission, dans un quartier comme celui de l’hôtel d’Antin, ce nigaud de Champagne ou cet empêtré de Langevin, car ils ne s’en tireraient jamais !

M. Tiercelet de La Barotte, Secrétaire-intendant de Mme la Comtesse de Rupelmonde et Warangest, avait mis de côté huit invitations manuscrites et non pas moulées comme les autres. — Voilà nos billets pour les Princes et Princesses du sang, se dit-il en regardant sa belle écriture bâtarde avec un œil de complaisance et de satisfaction. Il n’avait eu garde d’y mettre du sable non plus que de la poussière de bois rouge ou de verre de couleur, à cause du danger pour les yeux de LL. AA. SS., et surtout pour se conformer à l’étiquette établie par M. le Maréchal Duc de Villeroy, qui, pendant la minorité du Roi, craignait toujours qu’on n’empoisonnât sa Majesté dans un placet. M. Tiercelet prit ensuite un large cachet parti de trois et coupé d’un trait, ce qui compose un bel écartelé de huit alliances et huit blasons, sans compter l’écu de famille en abîme. C’était un fameux cachet de fille (en losange), avec une décoration chapitrale et la devise de Rupelmonde qui-qu’en-grongne ! Il en scella proprement les invitations princières avec de la cire noire, ainsi qu’il est prescrit dans tous les cas de cérémonies