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SOUVENIRS

On nous répète à tout propos que la haute noblesse germanique ne se mésallie point, et j’en conviens sans difficulté ; mais a-t-elle sacrifié son patrimoine pour l’honneur de la couronne impériale et pour le bien de l’état ? A-t-elle fait la guerre à ses dépens, avec un éclat magnifique et sans interruption pendant plus de huit siècles ? Voilà notre affaire. La question que je fais ici réplique à tous les reproches ; c’est la meilleure réponse à toutes ces rabâcheries d’Allemagne au sujet de nos mésalliances avec des financiers, qui du reste ont toujours été d’aussi bonne maison que les Fugger de Babenhausen, et qu’on a toujours eu soin de faire anoblir avant de contracter une alliance avec eux, et de les admettre à signer au même contrat.

J’aurais bien autre chose à vous dire au sujet de cette maison de Prusse, qui n’avait originairement que la petite seigneurie de Zolern, et qui n’était parvenue jusqu’à son marquisat de Brandebourg et son duché de Prusse qu’en prêtant sur gages, et par une succession continuelle de fourberies et de filou-

    du royaume, voilà jusqu’à présent, et Dieu merci ! les seules pépinières d’où soient sortis nos parvenus.

    On assure que l’Empereur Joseph vient d’accorder un diplôme de Baron du Saint-Empire à un banquier juif, et l’on n’osera pas nous dire que le sceau royal de France, ait jamais été profané pas son application sur une pancarte de la même nature.

    (Note de l’Auteur.)

    Il est vrai que les premiers princes chrétiens qui se soient avisés de conférer des titres nobiliaires à des juifs ont été les empereurs d’Autriche, et c’est une concession qui paraît d’autant plus scandaleuse qu’elle est toujours entachée de vénalité.

    (Note de l’Éditeur.)