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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

jours cette fin de non-recevoir à la déclaration de la défunte, et celle de non-lieu pour l’accusation. Il avait agi de concert avec cette femme, à ce qu’il osait dire, et c’était à dessein de faire essai d’un baume qui devait cicatriser les blessures en un tour de main, ce qui deviendrait infiniment précieux dans les armées du Roi de France et pour l’humanité tout entière. Les juges d’instruction ne pouvaient l’écouter sans horreur, mais le respect des formes remporta sur le fond, et si le Comte de Sade ne fut pas pendu, ce fut grâce à la délicatesse et la probité magistrale de M. de Boulainvilliers. Le Roi n’y perdit pas ses droits, comme de juste, et cet abominable homme est renfermé chez les frères de Saint-Lazare à perpétuité, par lettre de cachet, grâce à Dieu, n’en déplaise à ces messieurs de l’Encyclopédie qui voudraient dénier au Roi le pouvoir de faire emprisonner quelques mauvais sujets, et jusqu’à des criminels adroits contre qui les lois ou la judicature ne peuvent rien. Je défie qu’on ait jamais entendu parler d’un seul abus en fait de lettres de cachet, à moins que ce ne fût à l’occasion de ce banquier de Bordeaux à qui Mme de Langeac avait voulu faire une malice ; et ce qu’il en résulta, c’est que Mme de Langeac fut exilée par lettre de cachet à Saint-Étienne-en-Forez. À qui donc Voltaire et M. Diderot peuvent-ils adresser et veulent-ils faire agréer leurs déclamations contre les lettres de cachet ? à des scélérats et des filous, apparemment[1].

  1. Donatien-Alphonse-François de Sade, Comte de Sau-