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SOUVENIRS

de fer… publier quelque temps après la même anecdote sous une autre rubrique et sans nom d’aut eur, pour cette fois-ci.

— La belle histoire de Mère-l’Oye ! disait la Duchesse de Luynes au Maréchal de Noailles ; et voyez donc comment feu M. de Louvois aurait passé huit jours à postillonner de Versailles à l’île Sainte-Marguerite sans qu’on se fût aperçu de rien ! S’il avait seulement découché pendant trois nuits, on en aurait parlé pendant six mois.

— Ce qu’il y a de plus fort et de plus miraculeusement détaillé, répondait, le Maréchal, c’est M. de Louvois qui parle au prisonnier chapeau bas, ce qui ne saurait avoir été révélé que par ce-ministre ou par ce masque de fer… — Comment trouvez-vous aussi la bonne histoire de cette assiette d’argent ?…

— Oh ! pour ceci, interrompit M. de Brancas, qui nous arrivait de la geôle Sainte-Marguerite après quatorze mois de prison, c’est une ânerie comme on n’en dit jamais, car les chambres de cette prison se trouvent séparées du bord de la mer par un fossé de rempart, et par une muraille de clôture…..

— Il est tout simple que la chose paraisse inexplicable, puisque c’est un secret de l’État, nous dit solennellement la Duchesse d’Anville.

— Fameux secret ! murmura le Duc de la Vrillière (qui avait été long-temps Ministre de la maison du Roi, chargé des lettres de cachet et des prisons d’État). — Oh ! sans doute, un profond, secret ! ajouta M. de Moras, ancien ministre de la marine,