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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

henzollern-Sigmaringen, qui est un agnat de la famille électorale de Brandebourg, laquelle est parvenue à cet échafaudage de nouvelle et mauvaise fabrique, appelé trône de Prusse, et Mme de Hohenzollern ne pouvait aller à Versailles sous peine de s’y tenir à la même place que la Vicomtesse de Rouffignac et la Baronne de Kergriffec, dont les maris avaient fait les preuves de 1399[1].

Cet arrangement, qui paraissait singulier, avait un grand air de dignité nationale, et, ne fût-ce que cela, c’est toujours autant. Il est, du reste, assez raisonnable et naturel que la haute noblesse française ait eu participation dans cette exclusive et superbe prééminence des Rois-très-chrétiens et des Princes de leur sang sur toutes les autres familles royales. Immédiatement après les Seize Familles de Venise, appelées vulgairement les douze apôtres et les quatre évangélistes, et non loin de ces trois grandes maisons romaines des Colonna de Palestrine, des Ursins et des Publicola de Sainte-Croix, il n’existe rien qu’on puisse mettre en parallèle avec les quatorze ou quinze premières familles de notre pays. Il y en avait trente-deux sur la même ligne, autrefois ; mais il en est moitié dont il ne subsiste plus rien que dans les pages de l’histoire. Le docte et consciencieux Baron

  1. La Princesse de Hohenzollern, dont parle Mme de Créquy, est encore vivante, et son frère, le Prince Frédéric de Salm, auquel appartenait l’hôtel de la Légion-d’Honneur, a péri sur l’échafaud révolutionnaire en 1795. Cette Princesse de Hohenzollern est née en 1760. Elle a marié son fils, en 1808, avec Mlle Antoinette Bonafous, nièce de Joachim Murat.
    (Note de l’Éditeur.)