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SOUVENIRS

protestation contre son protocole, et qu’attendu la qualité de ce prince français, tout l’honneur était de mon côté.

Ne pensez-vous pas, poursuivit-elle en minaudant et câlinant, ne trouvez-vous pas que les Princesses ont tort de donner pour étrennes aux personnes de leurs maisons des porcelaines ? C’est futile, et cela n’a rien de distingué. Savez-vous ce que vous pourriez faire et (permettez-moi de vous dire) savez-vous ce que je ferais à votre place ?

— À ma place, dites-vous ? Je n’en ai pas une idée bien claire.

— J’en parlerais à M. le Duc de Penthièvre afin qu’il en parlât à Mme sa fille, et je lui dirais que la Princesse devrait nous donner des tasses d’or pour nos étrennes. On dirait qu’elle nous a donné des tasses d’or… Ce serait distingué, ce serait de bon goût, des tasses d’or ! je vous assure que ce serait de bon goût !

M. de Penthièvre va venir me prendre pour aller souper, lui répondis-je ; attendez cinq minutes et vous allez voir que je vais m’acquitter de votre commission. — Voilà, dis-je à S. A. S. avec une forte démangeaison d’en rire, voilà Mme la Comtesse de Blot qui ne s’embarrasse guère des porcelaines, et qui désirerait que Mme la Duchesse de Chartres donnât des tasses d’or à toutes ses dames, attendu que ce serait de bon goût. N’est-ce pas, Monseigneur, que ce serait de bon goût ?

— Mais sans aucun doute, et ce serait aussi d’un bon prix !

Il désapprouva pourtant mon exécution, cet ex-}