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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Mais, mon bon Dieu, vous allez vous faire du mal avec la colère et les transports où vous vous mettez, lui répondit le bon vieux-prince avec d’autant plus de soulagement et de satisfaction qu’il avait d’abord, été plus tourmenté de sa vision cornue. — C’est un projet dont il faudra vous occuper ma chère madame ; je ne sais que les mariages d’inclination pour être heureux ! et si les Genlis allaient vous dire que Valence n’est pas assez riche, je ne demanderai pas mieux que de faire quelque chose pour lui. Je n’approuve pas qu’il soit venu vous faire une algarade ; mais l’amour est capable de faire faire bien des sottises. Pardonnez-lui donc ; ne me refusez pas de lui pardonner !

Mademoiselle de Genlis était fille de bonne maison, riche héritière et la plus agréable personne du monde. On n’aurait jamais cru qu’elle pût être mariée si médiocrement ! Sa sœur avait épousé le fils aîné du Marquis de la Woestine, un grand seigneur de Flandre ; enfin son père et sa mère en étaient plongés dans la consternation ; mais c’était Mme de Montesson qui tenait les ressorts de la manœuvre, on a vu comment et pourquoi le mariage de sa nièce avec M. de Valence avait été déterminé[1].

  1. Cyrus-Marie-Alexandre de Tymbrune Vicomte de Valence ; lieutenant-général, etc. Bonaparte, l’avait admis parmi les Sénateurs à la sollicitation de Mme de Montesson qui s’était fait porter mourante au château de Saint-Cloud, et qui rendit l’âme immédiatement après cette visite. Nommé Pair de France à la Restauration, M. de Valence obtint la même faveur de Napoléon pendant les Cent-Jours, perdit ce titre à la rentrée de nos Princes et le recouvra en 1819, année de sa mort.
    (Note de l’Éditeur.)