Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

nous aurions la consolation de nous revoir de temps en temps, à la grille du parloir ?

— Je ne veux point, répliquait-il avec un laconisme charmant.

— Mais pourquoi donc pas Monseigneur ? (Voix flûtée, bouche en cœur, œillade assassine et la petite main gauche en pigeon-vole. C’est toujours la main gauche qui est la plus petite.)

— Pourquoi ? pourquoi ?… C’est parce que vous êtes aimable ! — On a beau faire et beau dire, je vous trouve aimable, moi ! — Vous savez bien le vieux Ségur, n’est-pas ? Eh bien ! il me disait l’autre jour que je ferais bien de vous épouser ; et corbleu ! si l’on s’avise de vous tourmenter, je sais bien ce que je ferai !…

Mesdames, et mes chers Messieurs, se prit-il à dire le lendemain matin, quand il rejoignit ses hôtes avec un air piqué de la veille et satisfait de la journée, Mesdames et mes chers Messieurs, dit-il à trois ou quatre reprises avec son embarras et son hésitation naturelle, Mesdames et mes chers Messieurs, je vous dirai que ce bouquet d’une rose avec un lys et deux pensées réunies par un nœud de faveur en lacs d’amour, c’est un dessin de Mme de Montesson qu’elle a copié d’après un dessin du sieur Vanspandon qui est son maître de dessin, et qu’elle a copié si exactement bien qu’elle a copié jusqu’à la signature de Vanspandon, parce qu’elle n’aurait pas voulu qu’on pût dire que le dessin n’était pas de lui et qu’il était d’elle qui l’avait copié d’après celui de Vaspandon

C’est une explication qui parut d’autant plus satisfaisante à ces dames et ces messieurs qu’elle se