Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
SOUVENIRS

de la réprimande avec une soumission parfaite. Tout cela commençait en nez de boule-dogue et finissait en queue de rat.

On s’est amusé long-temps d’un certain mémoire secret, en forme de lettre au Roi, qu’il avait fait rédiger par je ne sais quel encyclopédiste, et que ses gens du conseil d’Orléans avaient reçu l’ordre de montrer, sans déplacer, à tous ceux et celles qui voudraient bien prendre la peine d’en aller faire lecture au Palais-Royal. C’était à l’occasion du déficit, et je me souviens qu’on y faisait parler à Mgr le Duc d’Orléans de cette famille royale à qui la nation française a décerné la couronne en vertu de son vœu d’élection. Cet habile homme et son teinturier publiciste ignoraient apparemment que la nation française ne s’était formée, réunie, constituée que sous la sauve-garde et le patronage de la famille royale de France ; et les gens du Roi furent tellement choqués de cette impertinence, autorisée par la signature et l’aveu d’un premier prince du sang, que M. d’Ormesson répéta mille et mille fois dans tous ses réquisitoires, et durant plus de six mois, que le Roi Très-Chrétien ne tenait sa couronne que de la grâce de Dieu. Ceci n’apprenait certainement rien à personne, à moins que ce ne fût à ce pauvre prince, étrange héritier de Robert-le-Fort et de Saint-Louis. On disait avec raison qu’il était bien autrement divertissant et bouffon dans les parades de sa niaiserie politique que dans les parades licencieuses de son théâtre.

Après sa rupture avec une grosse comédienne appelée Mlle Marquise, en mémoire et dérision de son