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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

seule parole ; enfin, je me laissai reconduire par cette pastourelle jusqu’à la deuxième porte, et superbement, sans difficulté ni contestation. C’était la première et c’est la dernière fois que je sois allée chez Mme de Pompadour ; mais ce fut une entrevue qui, grâce à l’indiscrétion du Maréchal de Richelieu, ne laissa pas de fournir matière aux observations de la cour et aux conversations de la ville.

On a su depuis que c’était le Roi qui avait prié Mme de Pompadour de nous répéter le morceau de musique en question, qui passait pour son air de triomphe ; on ajoutait que c’était à dessein de la faire valoir, en préoccupation d’elle, en distraction des autres, et sans penser à ce que les paroles de cette ariette auraient à présenter de malséant, par allusion.

Si je m’en trouvai blessée, c’était surtout à raison de cet oubli des convenances, inouï chez Mme de Pompadour ; car en apparence elle ne s’en départait jamais. On est obligé de convenir qu’elle a toujours été d’une tenue parfaite et d’une réserve exquise. Le bon goût, l’extérieur de modestie respectueuse et les airs délicats étaient sa distinction naturelle et véritable. C’est en cela que devait consister son principal attrait.

Mme de Pompadour avait fait acheter je ne sais quel terrain qui m’appartenait et qui touchait au jardin de son hôtel, aujourd’hui l’Élysée-Bourbon. On ne sera peut-être pas fâché de savoir au juste quelle était la situation légale et nobiliaire de cette favorite, et voici comment elle est qualifiée dans ledit contrat : « Très Haute et Puissante Dame, Madame