Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Mme de Pompadour commença par me rendre grâces au sujet de l’honneur que je lui voulais bien faire ; ce furent ses propres paroles où je n’avais rien à contredire, et je m’empressai d’y tourner court en lui parlant d’autre chose, et notamment du Bailly de Froulay, qui venait d’arriver comme ambassadeur de la Religion de Malte auprès du Roi. Lorsque nous eûmes assez parlé d’un scélérat d’autour maltais que mon pauvre oncle avait dû présenter pour tribut à Sa Majesté, et dont les ongles avaient cruellement déchiré son poignet et son avant-bras, nonobstant son gant de buffle à la fauconnière, l’a partie du Roi se trouva terminée,

    Baron de Berry ; Chevalier des Ordres du Roi, Gouverneur de Bourgogne, de Bresse et de Bugey pour Sa Majesté ; l’un des quarante de l’Académie française, membre honoraire de celle des Inscriptions, etc., etc., etc.

    Il est inutile de vous dire que cette ancienne famille berrichonne est sans aucun rapport d’origine, alliance ou parentage avec les Saint-Aignan de Normandie, qui ne sont que des gentilshommes à simple tonsure, et bien moins encore avec une famille de roturiers bretons qui s’avisent d’arborer le même nom de Saint-Aignan. Ces derniers proviennent d’un architecte nantais, nommé Rousseau, dont le fils aîné vient de parvenir à certains privilèges de la noblesse, à raison d’une petite charge à la Chambre des comptes de Nantes. La Duchesse de Beauvilliers m’a dit en gémissant que ce nom qu’ils viennent de prendre est celui d’une petite ferme, et que les véritables Saint-Aignan ne savent que faire à cela.

    (Note de l’Auteur.)

    La maison de Beauvilliers-Saint-Aignan vient de s’éteindre et nous ajoutons, pour éviter les malentendus qui pourraient en résulter parmi les généalogistes, que M. le Comte de Saint-Aignan, Pair de France à la nomination du Roi Louis-Philippe, est le petit-fils légitime et principal héritier de l’auditeur des comptes et de l’architecte en question.

    (Note de l’Éditeur.)