Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
SOUVENIRS

gant et insolent Italien, devait être un bâtard de la Reine de France, Anne d’Autriche (la plus dévotement régulière, la plus sagement édifiante et la plus digne Princesse de son temps). On y dit aussi que le Roi Louis XIV, frère naturel de ce bâtard, lui faisait porter un masque de fer. Je reviendrai bientôt sur les intrigues et la punition de ce comte Mattioli[1].


M. de Guerchy, notre ambassadeur à Londres, a refusé de mesurer son épée contre celle d’un Chevalier de Saint-Louis. On a dit à cet officier supérieur de dragons qu’il était une vieille fille, et que s’il refusait d’en convenir on lui retirerait la pension qu’il avait gagnée par vingt ans de service en qualité de Ministre plénipotentiaire, sans compter qu’on l’emprisonnerait à la Bastille. Le Chevalier d’Eon vient de s’habiller en femme, et ce qu’il en résulte d’avantageux pour l’État, c’est que le Comte et le Marquis de Guerchy n’auront pas la contrariété de se battre en duel.


À propos de Marquis et de combat singulier, voilà qu’on vient d’ériger une terre en Marquisat pour le fils d’un anobli, lequel avait signifié qu’il ne voulait pas se battre (après avoir été souffleté).

  1. J’écrivais ceci long-temps avant la révolution, sous l’influence de mes prévisions sinistres et dans une juste irritation contre les erreurs philosophiques de M. de Malesherbes.

    Je reconnais qu’il a noblement réparé ses torts de suffisante et son imprudence.

    (Note de l’Auteur, 1797.)