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SOUVENIRS

pour tous les Rois et toutes les Reines de France dont le salut lui paraissait le plus incertain. C’était à partir de Clotaire Ier jusqu’à Louis XI, sans oublier les Ultrogothe et les Dohda, les Frédégonde et les Brunéhault.

— Mais, M. de Clermont, se prit à lui dire M. de Richelieu qui cherchait toujours à ricaner sur les Évêques, ne vous représentez-vous point la surprise et la satisfaction de Frédégonde et de Brunéhault, quand elles auront éprouvé qu’il y avait encore à Paris des gens qui s’intéressaient pour elles ? Est-il à supposer que ces deux Princesses étaient restées si long-temps en purgatoire à ne rien faire ? et pensez-vous que l’argent de la petite fille ait été bien employé ?

— Monsieur, lui répondit tout doucement le doux Massillon, j’ai l’habitude de ne parler théologie que dans la chaire et au confessionnal. Venez m’y trouver.

Cette bonne petite royaliste était de cette ancienne famille Anjorrant qui rendait si bonne justice et qui siégeait héréditairement sur les fleurs de-lys long-temps avant que le parlement de Paris fût devenu sédentaire. Il parait que l’ancien nom de leur famille était de Vanvres, et que c’était le Roi saint Louis qui leur avait donné le surnon d’Anges Orants, parce qu’il en trouvait toujours en oraison dans la Sainte-Chapelle de Paris.

Trois cents ans plus tard, les Anges-Orants s’en allèrent passer leurs vacances de Pâques dans leur vieux manoir seigneurial de Claye-en-Brie, où le Roi François Ier survint brusquement, de nuit