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SOUVENIRS

souviens pas quel était le côté de sa mâchoire qui se trouvait en plus mauvais état. Toujours est-il qu’elle est morte en parlant comme un Polichinel, à cause de ce morceau d’ivoire qu’elle avait dans le gosier. Le prêtre qu’on était allé chercher pour entendre sa confession ne manqua pas d’imaginer qu’elle se voulait moquer du monde ; ses domestiques ne savaient qu’en dire, et si la Vidame de Vassé n’était pas survenue, cette malheureuse femme aurait trépassé sans avoir reçu l’absolution.

L’alliance de Messieurs de Chabannes avec la maison royale de France était provenue du mariage de Catherine de Bourbon-Vendôme avec Gilbert de Chabannes, en 1484, et quoiqu’il n’en fût pas résulté d’enfans, le titre de Cousins du Roi ne leur en est pas moins resté jusqu’ici par une faveur spéciale, et peut-être en témoignage de gratitude et bonne volonté pour la mémoire du Maréchal de la Palice[1].

Je ne saurais entendre chansonner populairement ce brave Grand-Maître sans en éprouver une véritable contrariété. Je ne sais quelle est la plate engeance de poète à qui t’en doit attribuer cette sotte chanson qui me paraît d’une insolence intolérable, et j’en avais tant dit là-dessus devant M. de Sartines, qu’il avait fini par faire interdire la chanson de M. de

  1. Jacques de Chabannes, 11e du nom, Seigneur de Chabannais, de la Palice et de Charlus, Chevalier de l’ordre du Roi, Baron de Vendenesse et Châtelain de Pacy, Maréchal et Grand-Maître de France, né vers l’année 1460, mort en 1525.
    (Note de l’Éditeur.)