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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

homme d’Auvergne, appelé M. Motier, s’imagina d’ajuster le nom de la Fayette qui venait de s’éteindre, avec ce beau nom de Motier, qui était celui de sa famille. Il disait pour ses raisons que plusieurs personnages de la véritable maison de la Fayette avaient porté le surnom de Moytier ou du Moustier, au quatorzième siècle, ce qui n’importerait guère et ne signifie rien du tout ; mais toujours est-il que la postérité du Maréchal de la Fayette, ainsi que de la Comtesse de la Fayette auteur de la Princesse de Clèves, n’existe plus depuis la mort de la Duchesse de la Trémoille. Le Maréchal de Noailles m’a raconté que Louis XV lui avait dit à propos du mémoire généalogique de ces prétendus Marquis : — Avez-vous lu le roman de la famille Motier ? Il ne vaudra jamais ceux de Mme de la Fayette ! Nous n’avons jamais pu nous expliquer comment MM. de Noailles avaient pu donner ensuite une de leurs filles en mariage à ce petit Motier ? Mais ils nous disaient à cela qu’il était toujours assez bon gentilhomme pour ne pas être pendu, qu’il était riche, et surtout qu’il était très bon sujet ! Aimable sujet, en vérité ! J’ai toujours trouvé que sa pauvre femme avait été bien chanceuse[1] !

  1. Ce fut en 1780 qu’eut lieu cet étrange mariage entre Marie-Adrienne de Noailles, née en 1765, et Marie-Joseph-Paul-Yves-Roch-Gilbert Motier, Chevalier, Seigneur de Robelot, de la Grange et autres lieux ; lequel est connu sous le nom de Marquis de la Fayette, et lequel est né le 6 septembre 1757.
    (Note de l’Auteur)