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SOUVENIRS

un esculape qui demeurait à la place de Grève et qu’il avait gagné soixante mille livres de rente à soigner des chiens malades et des chats qu’on envoyait en pension chez lui. Quand il fut question de mettre en vente la terre seigneuriale et les restes du vieux château de Courtenay, je m’étais mise à dire (pour en faire honte aux héritiers de cette famille impériale) que c’était Lyonnais qui allait acheter Courtenay et qu’il en ferait porter le nom à M. son fils ce qui, du reste, n’aurait pas été facile à empêcher par les voies légales et d’après la coutume qui régit la matière seigneuriale dans la Capitainerie du Louvre, où tous les bourgeois de Paris peuvent acquérir et posséder seigneurialement les terres féodales. C’était une mauvaise plaisanterie dont l’origine ne fut pas bien connue ; le bruit s’en répandit dans tout Versailles, et M. le Cardinal de Fleury en eut une telle appréhension, qu’il envoya bien vite à Paris M. de Fourqueux pour acheter la terre avec la seigneurie de Courtenay, afin de les réunir au domaine de la couronne.

Au lieu d’acquérir la châtellenie royale de Courtenay, M. Lyonnais se rabattit sur la terre noble de Pontgibault, qui provenait de la succession de ma tante de la Trémoille, laquelle était la dernière de l’ancienne maison de la Fayette, qu’il ne faut pas confondre avec la famille de ce Marquis philosophe et républicain qui vient de faire la guerre en Amérique. Marie-Madeleine, héritière et Marquise de la Fayette, Duchesse de la Trémoille et de Thouars, était morte en 1717, à l’âge de vingt-huit ans, et c’est à cette époque-là qu’un gentil-