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SOUVENIRS

avant ma naissance, et je n’ai conservé de sa petite fille, Mme de Simiane, qu’un souvenir assez confus. Je crois l’avoir rencontrée deux ou trois fois chez Mme de Coulanges, à qui l’on nous disait qu’elle aurait bien voulu faire un procès pour la succession de MM. du Gué-Bagnols. C’était une petite bonne femme toute brune très-sèche et qui provencialisait effroyablement. Si j’avais prévu que sa petite-fille et son héritière épouserait mon fils, je l’aurais observée avec beaucoup plus d’intérêt et d’attention, comme vous pouvez croire. Quant à la discorde ou des brouilleries sérieuses entre Mme de Grignan et son illustre mère, c’est une chose dont Mme de Coulanges n’avait jamais ouï parler dans sa famille ; et quand on remontait à sa source, on trouvait que c’était une invention de M. le Duc de Richelieu qui disait, pour se divertir, que la mère et la fille se disputaient perpétuellement, parce que la fille ne pouvait souffrir sa mère ; il avait été jusqu’à dire que Mme de Sévigné en était morte de chagrin ce que M. de Richelieu avait pris sous sa perruque blonde, et ce que personne ne croyait de notre temps. Il avait forgé bien une autre histoire au sujet de l’Évêque de Meaux le grand Bossuet, qui, disait-il, avait été marié secrètement avec une des nièces de M. de Bussy-Rabutin ce que les prédicans de Genève et de Hollande avaient eu la nigauderie de prendre au sérieux. Vous ne sauriez imaginer combien, pendant sa jeunesse, il a mis en circulation d’étrangetés malicieuses et de suppositions dérisoires. Il en avait conservé l’habitude d’imaginer les plus étranges et les plus ridicules mariages entre des gens