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SOUVENIRS

toire de Mme du Deffand, qui prouve assez quel était son caractère, de sécheresse et de personnalité. Ma tante avait fait la partie d’aller lui faire une visite avec Mme de Bourbon-Busset[1], et ces dames s’attendaient à la trouver plus ou moins soucieuse, attendu que M. de Pont-de-Vesle se mourait et qu’il avait été pendant douze ou quinze années dans ses bonnes grâces les plus favorables. Après les premiers complimens, Mme de Bourbon-Busset, qui faisait toujours la bouche en cœur et la sensible, lui demanda des nouvelles du cher malade. — Eh mon Dieu ! j’y pensais, dit aussitôt la vieille Marquise, mais je n’ai qu’un laquais ici pour le moment, et j’allais envoyer une de mes femmes pour demander de ses nouvelles. — Madame, il pleut des torrens, répondit l’autre, et je vous supplie de la faire aller dans mon carrosse. – Ah vous êtes infiniment bonne et je vous rends mille grâces, reprit la marquise avec une satisfaction charmante. — Mam’selle, dit-elle à une femme de chambre qui vint à la sonnette, vous allez savoir des nouvelles de notre petit malade. Madame la Comtesse de Bourbon-Busset permet que vous alliez dans son équipage, à cause de la pluie ; vous allez le dire à

  1. Madeleine de Clermont-Tonnerre, femme de Louis-Antoine de Bourbon, Comte de Busset en Auvergne et de Chaillux. Cette branche est issue de Pierre de Bourbon, Prince-Évêque de Liège, et d’une Princesse de Gueldres, dont le Roi Louis XI ne voulut jamais autoriser le mariage avec son cousin. C’est une famille qui n’est pas moins respectable pour ses vertus héréditaires et sa dignité modeste que pour son extraction.
    (Note de l’Auteur.)