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SOUVENIRS

de toute l’Europe, il imagina de restituer au Prince de Horn les biens confisqués sur ce malheureux Comte Antoine qu’il avait laissé rouer vif, au mépris de sa parole d’honneur. Voici la réponse du Prince à S. A. R., ainsi qu’elle nous fut rapportée par M. de Créquy lorsqu’il revint de son triste pèlerinage aux Pays-Bas avec le Prince François ( l’Évêque de Bayeux).


« Monseigneur,

« Cette lettre a pour objet, non pas de vous reprocher la mort de mon frère, quoique Votre Altesse Royale ait violé dans sa personne les droits de mon rang et de sa nation, mais pour vous remercier de la restitution de ses biens que je refuse ; je serais bien autrement infâme que lui si j’acceptais jamais aucune grâce de vous. J’espère que Dieu et le Roi de France traiteront un jour V. A. R. ou sa famille, avec plus de charité que vous n’en avez montré pour mon malheureux frère, et je suis l’affectionné pour faire service à Votre Altesse Royale.

 » Emmanuel, Prince de Hoorne.

» À Baussignies, ce 5 juillet. 1720. »


Ce qui ne fut pas moins extraordinaire en tout ceci, c’est que la conduite de M. le Duc d’Orléans parut si révoltante et devint l’objet d’une indignation si générale et si bien appliquée, que l’opinion publique épousa la querelle de sa victime, et que la famille du supplicié n’en souffrit d’aucune manière en son honneur et sa considération. Les filles de son frère ont épousé des princes de l’Empire, et toutes fois que les quartiers de Horn ont été présentés pour les grands chapitres, et même pour les bénéfices électoraux, tels que les Archevêchés de