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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

puisse être fou répliqua le Régent, vous serez obligés de convenir que c’est un fou furieux dont il est juste et prudent de se débarrasser. — Mais, Monsieur, lui riposta brusquement le Prince de Ligne, il est possible qu’un prince de votre sang devienne fou : le ferez-vous rouer s’il fait des folies ?… Le Cardinal vint s’interposer entre eux, et supplia Son Altesse Royale de vouloir bien prendre en considération que l’application d’une peine infamante aurait l’inconvénient d’atteindre non-seulement la personne du condamné, et non-seulement toute la maison de Horn, mais encore toutes les généalogies des familles princières et autres où se trouverait un quartier de ce nom diffamé, ce qui causerait un notable préjudice à la plus haute noblesse de France et de l’empire, en lui fermant l’entrée de tous les Chapitres nobles, Abbayes princières, Évêchés souverains, Commanderies Teutoniques, et jusqu’à l’Ordre de Malte, où toutes ces familles ne pourraient faire admettre leurs preuves et faire entrer leurs cadets jusqu’à la quatrième génération. — Monsieur ! s’écria le Prince de Ligne, j’ai dans mon pennon généalogique quatre écussons de Horn, et par conséquent j’ai quatre aïeules de cette maison ! il me faudra donc les gratter et les effacer de manière à ce qu’il en résulte des lacunes et comme des trous dans nos preuves ! Il n’existe pas une famille souveraine à qui la rigueur d’un pareil arrêt ne fasse injure, et tout le monde sait que dans les trente-deux quartiers de Madame votre mère, il y a l’écu de Horn !… Ce fut alors votre grand-père qui vint se jeter à la traverse, et le Régent lui répondit tout