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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

et ses mauvais traitemens exaspérèrent tellement le jeune prisonnier, qu’il en tomba dans un état de furie continuelle et d’aliénation complète ; on l’enferma dans le même cachot où Jean de Horn, Stathouder de Gueldres, avait emprisonné son père ; ce qui avait fourni à Rembrandt le sujet de cet admirable tableau que Madame avait rapporté d’Allemagne, et qui se voit aujourd’hui dans la collection d’Orléans.

Au bout de six mois d’une captivité si dure, il avait trouvé moyen de s’échapper du château de Wert, après avoir assommé deux de ses geôliers à

    de Wesem. Les nouvellistes et les faiseurs de chansons populaires l’avaient rendu célèbre par leurs couplets, dont on parle encore, et qui pourtant sont inconnus aujourd’hui. Voici une de ces fameuses chansons de Jean de Wert avec laquelle on avait bercé votre grand-père, en Artois :

    Jean de Vert était un soudard
    De fière et de riche famille,
    Jean de Vert était un trichard
    Moitié prince et moitié bâtard.
    Petits enfans, qui pleurera ?
    Voilà Jean de Vert qui s’avance !
    Aucun marmot ne bougera,
    Ou Jean de Vert le mangera !

    Jean de Vert était un brutal
    Qui fit pleurer le roi de France ;
    Jean de Vert étant général
    A fait trembler le cardinal…
    Petits enfans, qui pleurera ?
    Voilà Jean de Vert qui s’avance !
    Aucun marmot ne bougera,
    Ou Jean de Vert le mangera !

    (Note de l’Auteur.)