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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

croix de Lorraine et ses alérions d’or. Il est assez connu que son duel avec un prince lorrain n’avait eu lieu qu’à la suite d’un propos tenu par celui-ci contre la maison de Richelieu, à laquelle il trouvait que la sienne avait fait, par cette alliance, un honneur inespérable ; mais revenons à l’anecdote que je vous ai promise et que je n’ai vue citée nulle part.

Vous savez que le Cardinal de Richelieu, qui n’avait aucun parent de son nom, avait fait substituer son immense fortune, avec son nom, ses armes et ses titres, aux enfans de sa sœur qui avait épousé un gentilhomme poitevin du nom de Vignerot ? Les Richelieu d’aujourd’hui sont donc Vignerot par origine et par extraction primitive, et l’on a toujours débité que l’origine de leur famille paternelle était obscure. Lorsque la fameuse Duchesse d’Aiguillon, qui était la nièce du Cardinal et qui s’appelait Marie de Vignerot, mourut à Versailles, Bossuet n’en pouvait plus, et le Roi décida que ce serait Fléchier qui ferait l’oraison funèbre de l’illustre défunte. On voit que Louis XIV se mêlait de toutes choses, et l’on est obligé de convenir que toutes choses, n’en allaient pas plus mal.

Avant d’obtempérer aux ordres du Grand Roi, l’Évêque de Nîmes alla faire une visite au Duc de Richelieu, neveu de Madame d’Aiguillon, afin de s’informer si l’intention de ce Seigneur était d’obliger le panégyriste funéraire à parler de la noblesse de leur famille… — M. de Richelieu répondit modestement que c’était l’usage, et qu’il ne voyait aucun motif pour s’en dispenser. Fléchier lui déclara, le