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SOUVENIRS

Créquy, dites-vous ? — Ah ! mon Dieu oui, Mesdames, elle a volé sur l’autel un morceau de la vraie Croix ! J’en étais partie d’un éclat de rire, et M. de Marsan leur demanda comment ils avaient pu supposer que la voleuse de reliques était Mme de Créquy ? — Mon Dieu, c’est bien sûr, Madame. Elle est arrivée dans son carrosse à six chevaux qui avait une couverture rouge[1] ; elle avait ses domestiques en habits jaunes avec des galons rouges, et il y avait là deux autres domestiques de Paris qui nous ont dit que c’était Mme de Créquy. Elle avait pour le moins le double de votre taille… — Vous verrez, me dit la comtesse à voix basse et d’un air consterné, que ce sera la Maréchale de Noailles ; la malheureuse n’en fait jamais d’autres ![2]

Je me souviens qu’effectivement on avait accusé la Maréchale de Noailles de plusieurs délits de la même nature, et notamment d’avoir filouté, comme dirait le peuple, une parcelle du bras de la Bienheureuse Jeanne de Chantal. Elle avait emprunté cette

  1. L’impériale en velours cramoisi, insigne extérieur des honneurs du Louvre ainsi que le Dais, érigé dans une pièce de l’appartement ; le Manteau doublé d’hermine, étalé sous les armoiries, etc.
    (Note de l’Éditeur.)
  2. Catherine-Françoise-Bénédicte-Marie de Cossé-Brissac, fille unique et seule héritière de Timoléon de Cussé, Duc de Brissac, Pair et grand Pannetier de France, née en 1724, mariée en 1757 à Louis, Duc de Noailles et d’Ayen, Marquis de Montclar et de Maintenon, Comte, Vicomte et Baron de Noaillac et de Nogent-le-Roy, de Saint-Julien, Calvignac, Arazac, et autres lieux, Pair et Maréchal de France, grand d’Espagne de première classe, et chevalier des ordres du Roi. La Maréchale de Noailles a péri sur l’échafaud révolutionnaire en 1795.
    (Note de l’Aut.)