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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Deffand par le suffrage et l’intercession de la Bienheureuse Geneviève de Nanterre. Si leurs amis Dalembert et d’Holbach avaient appris ceci ? jugez quel déboire !

Je me lamentais continuellement de ce qu’on m’avait ôté la liberté de mettre en circulation cette aimable histoire, et Mme de Marsan finit par s’en inquiéter au point d’en aller parler à M. de Paris[1], qui m’imposa, sous peine de cas réservé, l’obligation du silence. Je n’avais jamais été plus contrariée par ce Prélat, qui m’a pourtant contrariée souvent et péniblement, ainsi que vous le verrez dans notre affaire avec les Hospitalières du faubourg Saint-Marcel.

Il faut vous dire que les valets de Mme de Marsan, qui portaient les couleurs de Lorraine et de Jérusalem, étaient confondus de notre humilité, et qu’ils se trouvèrent choqués de nous voir primées, et, supposaient-ils, opprimées par Mme du Deffand. Le premier laquais de la Princesse vint nous proposer d’écarter aussi les concurrens, à celle fin de nous faire arriver plus vite à portée du godet ; mais nous répondîmes que nous n’avions rien à faire dans notre ménage ou dans nos vignes, ainsi que tous ces braves gens, et nous ordonnâmes qu’on les laissât tranquilles.

Voilà qui blessa profondément l’amour-propre

  1. Christophe de Beaumont du Repayre, Archevêque de Paris, Duc et Pair de France etc. Il avait été, comme je vous l’ai dit, conclaviste du Cardinal de Gèvres pendant l’élection du Pape innocent XIII. Il est mort à Paris en 1784.
    (Note de l’Auteur.)