Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Majesté, qui prenait toujours la chose en très bonne part et qui travaillait assidûment pour s’en corriger.

À la fin d’un billet qu’elle avait fait écrire à M. de Moncrif par un autre secrétaire de ses commandemens et pour une chose de son service, elle ajouta de sa propre main Devinez… et Moncrif y répondit par le quatrain suivant

Ce mot tracé par une main divine
Ne m’a causé que trouble et qu’embarras.
C’est être osé si mon cœur le devine,
C’est être ingrat s’il ne devine pas !

Le Roi blâma cet emploi du mot osé : mais c’est une épigramme contre moi, répondit cette bonne Princesse ; et depuis ce temps-là je n’ai pas vu qu’elle ait mal appliqué cette même expression.

— Je ressens beaucoup d’estime et beaucoup d’attrait pour Mme de Marsan me disait un jour la Reine, et si ce n’était une sorte d’embarras que j’éprouve toujours avec les personnes de cette maison, j’aimerais à la voir souvent. Pensez-vous donc que le Roi mon père se puisse trouver en parfaite sûreté de conscience, étant devenu Duc de Lorraine et de Bar, tandis qu’il y a tant de Princes lorrains qui devaient hériter de ces deux provinces ?…

— Ah ! juste Dieu ! m’écriai-je, l’héritage des Ducs de Lorraine, y comprit-on leur royaume de Jérusalem, ne pourra jamais nous dédommager de tous les maux que leur famille a faits à la France et de