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SOUVENIRS

Népomucène, ainsi qu’à Mme de Saint-Florentin[1]. Dieu m’est témoin que je n’ai jamais obtenu d’elle aucune autre chose et que je n’ai jamais rien sollicité de Sa Majesté. Le seul privilège de faveur dont Mme de Saint-Florentin fût en jouissance était de se faire amener en chaise à porteurs jusqu’à l’entrée du grand cabinet, quand elle ne pouvait marcher, parce qu’elle avait des engelures ; et la Reine me dit un jour : — Comprenez-vous et ne blâmez-vous point qu’elle ne m’ait jamais demandé nulle autre chose que cela ?

— Le plus bel éloge du Prince est la modestie du favori, lui répondis-je.

La Reine Marie de Pologne avait appris le français dans son enfance, et Dieu sait comment, par une gouvernante bourgeoise, ou peut-être bien par une Suissesse ? de sorte qu’elle en avait pris une foule de locutions vulgaires à surprendre ; et par exemple, elle nous disait alors éduquer pour élever, flattée pour satisfaite, osé pour hardi, etc. Moncrif, son lecteur, en était contrarié comme bon serviteur de la Reine ; désolé comme académicien et désespéré comme puriste. Il en disait respectueusement son avis à Sa

  1. Amélie-Ernestine, Comtesse de Platën, fille d’Ernest-Auguste, Comte de Platën et du Saint-Empire, Souverain Seigneur et libre Baron de Hallermemden, premier Ministre et Grand-Chambellan héréditaire du Roi de la Grande-Bretagne en Hanovre, etc. Mariée en 1724 à Louis Phétippaux Comte de Saint-Florentin et depuis Duc de la Vrillière, Ministre et Secrétaire d’état aux départemens de la maison du Roi, du clergé de France, de Paris et des pays d’états, morte à Versailles en 1752, âgée de 49 ans.
    (Note de l’Auteur.)