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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

nistres, il rétablit l’ordre dans l’État et dans les finances ; il sut en même temps enrichir son épargne et son peuple.

« Heureux d’avoir connu l’adversité il compatissait au malheur des hommes et il modérait les rigueurs du commandement que lui-même avait ressenties.

« Les autres rois ont des courtisans, il avait des amis ; son cœur était plein de tendresse pour ses vrais serviteurs. Il écrivit au fameux Du Plessix-Mornay, qui avait reçu un outrage : Comme votre roi je vous ferai justice, et comme votre ami je vous offre mon épée. Plusieurs Français gardent avec un respect religieux quelques lettres écrites de sa main, monument de sa justice et de sa bonté. Une à M. de Caumartin, depuis Garde-des-Sceaux, qui commence par ces mots : Euge, serve bone et fidelis ; quia supra pauca fuisti fidelis, supra multa te constituam. Courage, bon et fidèle serviteur ; puisque vous m’avez bien servi dans les petites choses, je vous en confierai de plus importantes.

« Ce Roi, qui aimait véritablement ses sujets, ne regarda jamais leurs plaintes comme des séditions, ni les remontrances des Magistrats comme des attentats à l’autorité souveraine. Quelquefois son conseil prit des moyens odieux pour rétablir les finances. On créa des impôts qui firent soulever les peuples. Henri IV repoussa doucement les séditions, il rétablit les impôts pour marquer son autorité, et les révoqua presque en même temps pour signaler sa bonté. Les députés des villes où les séditions s’étaient allumées vinrent se jeter aux pieds