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SOUVENIRS

sollicitait pour lui, par la raison que c’était un vaurien. On apprit qu’en désespoir de cause, Voltaire avait dédié la première édition de son poème à la Reine d’Angleterre, et du reste voici son projet de dédicace au Roi Louis XV, ainsi qu’il me fut rendu par M. de Fréjus. Je n’en ai jamais donné de copie qu’au Chevalier de Pougens, et je ne crois pas qu’on l’ait jamais imprimée dans aucune collection des œuvres de Voltaire.

Sire,

« Tout ouvrage où il est parlé des grandes actions de Henri IV doit être offert à Votre Majesté.

« C’est le sang de ce héros qui coule dans vos veines ; vous n’êtes Roi que parce qu’il a été un grand homme, et la France, qui vous souhaite autant de vertus et plus de bonheur qu’à lui, se flatte que le jour et le trône que vous lui devez vous engageront à l’imiter.

« Henri IV était, de l’aveu de toutes les nations, le meilleur Prince, le maître le plus doux, le plus intrépide capitaine, le plus sage politique de son siècle.

« Il conquit son royaume à force de vaincre et de pardonner ; après plus de cent combats sanglans et plus de deux cents sièges, il se vit enfin maître de la France, mais de la France épuisée d’hommes et d’argent ; les campagnes étaient incultes, les villes désertes, les peuples misérables. Henri IV en peu d’années répara tant de ruines ; et parce qu’il était juste et qu’il savait choisir de bons mi-