Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
SOUVENIRS

pourrais bien vous annoncer, comme si de rien n’était, que j’étais sa marraine, car en vérité, je ne vous promets pas d’avoir la patience de relire et de corriger tous ces cahiers que j’écris à votre intention.

Mon suisse de l’hôtel de Créquy nous fit prévenir tout de suite après notre arrivée que M. le Duc de Richelieu envoyait journellement pour s’enquérir de notre retour, et qu’il demandait à me parler le plus promptement possible. Nous en étions à discuter et nous interroger sur ce, votre grand-père et moi, maritalement, quand on nous vint annoncer M. de Richelieu que M. de Créquy voulut absolument laisser entrer. — Explique-moi donc ce que tu peux avoir à dire à ma femme. — Ah ! le fâcheux, le curieux impertinent ! Tu ne le sauras point, je te le jure ! et je demande à Mme de Créquy la permission de lui en parler en particulier. — Le voulez-vous bien ? me dit votre grand-père. — Eh pourquoi donc pas ? Supposeriez-vous que j’eusse peur de M. de Richelieu ? Vous ne me connaîtriez guère et lui non plus. Il est d’une finesse et d’une sagacité parfaites ; il sait très bien les personnes auxquelles il s’adresse, et pourvu que je n’accepte pas un laquais de son choix ou d’après sa recommandation, je vous puis assurer que je n’ai rien à craindre de lui. — Pouvez-vous rabâcher de la sorte, à votre âge, et n’en avez-vous pas honte ? ajouta-t-il en me faisant la moue. — Mais, monsieur de Créquy, repris-je alors, vous avez des papiers que vous voulez arranger le plus tôt possible, et les voilà précisément sur cette table, ainsi restez