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SOUVENIRS

désintéressé. C’est un bel effort de justice et de générosité pour un janséniste, et surtout pour un janséniste aussi déchaîné contre M. de Belsunce ! Ce Duc de Saint-Simon ne lui pardonnait pas d’avoir soutenu le Père Girard contre la demoiselle Cadière et messieurs les Oratoriens, qui faisaient manœuvrer cette malheureuse et voulaient s’en faire un instrument d’hostilité contre les Jésuites. La constitution civile du clergé nous a montré ce que c’était que le jansénisme, et le citoyen Fouché nous a fait voir où le jansénisme devait amener les Oratoriens.

Nous allâmes nous promener et collationner chez le grand-père de Mme votre mère, le Marquis du Muy, dans votre charmante habitation de la Reynarde, auprès de Marseille, et nous trouvâmes là des Castellane et des Simiane avec des Glandevès et des Pontevès en belle quantité, si ce n’est en belle qualité. Ce qui foisonnait surtout dans la Provence, était les dames de Forbin de Janson, des Issarts, de Labarbin, d’Oppède ; c’était à n’en pas finir avec les dames de Forbin, qui parlaient toutes à la fois et qui provincialisaient avec un air d’assurance et de sécurité merveilleuse : — J’avais sorti ma bourse ou j’avais tombé mon mouchoir (de poche). On discuta long-temps sur une certaine dame qui s’était changée de maison parce qu’elle espérait la fièvre, et l’on convint assez généralement qu’elle risquait d’en guérir à sa bastide ; mais quant au jeune officier qui lui courait après, on doutait bien qu’il était capable pour lui marcher dessus. — Je vous embrasse à tous ; c’était la formule d’adieu parmi ces dames.