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SOUVENIRS

ce qui fut équitablement apprécié par les Romains, et fort approuvé du Cardinal de Rohan. Nous savons pourtant que les Corses ne sont pas traités charitablement dans l’inscription de cette pyramide, qui les qualifie de nation toujours infâme, odieuse aux peuples, et désormais indigne de servir les Rois. Pour les Corses, avait dit Tacite primo vindicta, secundo mentiri, tertio negare Deos.

Quelques jours après cette entrevue du Pape avec M. de Créquy, j’obtins mon audience personnelle dans la sacristie du couvent des Chanoinesses du Saint-Esprit, où je fus admise à baiser les pieds du Saint Père et recevoir sa bénédiction. M. de Créquy voulut m’y faire l’honneur de son escorte, et le Saint Père ne pouvait se lasser de converser avec lui. Voici les dernières paroles qu’il nous ait dites avec un air de dignité modeste et d’enjouement rempli d’urbanité. « Nous n’oserions vous dire que nous vous aimons infiniment, les personnes de votre maison sont trop fières avec les Papes. Nous ne saurions vous dire, non plus, que nous serions bien aise de vous avoir ici pour Ambassadeur et pour Ambassadrice, à cause de ce terrible nom que vous portez, mais nous serions bien heureux et fort honoré de vous avoir pour sujets du Saint-Siége ; † Benedicat vos omnipotens Deus ! »

Je me souviens qu’il y avait à Rome, en qualité d’Ambassadeur du Roi catholique, un original de Grand d’Espagne en expectative, appelé le Comte-Duc de Luna. Sa mère était une infante de Montézuma, ce qui lui faisait bien de la peine, et malgré