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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

les barbares. Nous avons également ordonné au Sieur Abbé de Bourlemont, Auditeur de Rote, qu’il ait à savoir de vostre Beatitude si elle a dessein de nous en proposer une satisfaction proportionnée à la grandeur de l’offense, laquelle a non seullement attaqué, mais indignement renversé et violé le droit des gens. Nous ne demanderons rien à vostre Saincteté en cette rencontre. Elle a pris une si longue habitude de nous refuser toute chose, et témoigné jusqu’icy tant d’adversion pour nostre personne et nostre couronne, que nous voulons laisser à sa seule prudence le soin de lui fournir une résollution sur laquelle la nostre se reglera : souhaitant seulement de pouvoir rester de vostre Beatitude, le très dévot et révérend fils aisné,

« LOUIS. »

À Versailles, ce 30 aoust 1662.

Il est assez connu que le Souverain-Pontife envoya son neveu (de son nom), le Cardinal Fabio Chigi, avec le titre de Légat a latere, pour en demander publiquement excuse au Roi, séant sur son trône, à Versailles. On avait décimé les Corses pour la galère, et la garde corse fut licenciée à perpétuité. Enfin, pour attester la réparation d’un pareil outrage, la cour de Rome érigea dans la grande cour du Vatican une pyramide en marbre noir avec une inscription satisfaisante. Ni M. de Créquy, ni moi, lorsque j’allai dans ce palais avant le conclave, ne voulûmes jeter les yeux du côté de cette pyramide,