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SOUVENIRS

Nous avons eu souvent des conférences ou plutôt des conversations théologiques ensemble, et je ne manquai pas de lui soumettre certains cas de conscience sur lesquels il m’avait semblé que nos directeurs et nos casuistes gallicans ne décidaient pas et n’agissaient point avec assez d’uniformité. Il m’avait donné ses réponses écrites en français qu’il savait et parlait à merveille (il avait été nonce à Paris, pendant sept ans), et vous allez juger par ces réponses quels étaient les points litigieux sur lesquels j’avais consulté son Éminence.

« Le rouge sur les joues me parait à peu près comme la poudre sur les cheveux. Chose de coutume et de costume. Il est bon d’en mettre assez quand on en doit mettre, pour ne pouvoir pas être suspectée d’intentions décevantes ou d’affectation juvénile, ce qui risquerait de troubler les uns ou scandaliser les autres. »


« L’usage du masque n’a rien d’irréligieux en lui-même. Nos grands’mères en portaient en guise de voiles et même ne le détachaient dans les églises que pour y recevoir le sacrement, comme on ôte encore aujourd’hui son chapeau et ses gants dans certains cas, en signe de respect. Le péché ne saurait être et n’est point dans l’application du masque sur le visage. Le cas de conscience ne saurait être que dans les intentions ou les résultats de la mascarade dont on n’est obligé à s’abstenir que lorsqu’on y peut trouver et prévoir une occasion prochaine de pécher. C’est à la conscience à prémunir contre ce danger. »