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SOUVENIRS

bitude, et par une fausse dignité, parler qu’au moyen d’un interprète) : — Mon Cousin je vous conjure de me faire obtenir une audience de Mme de Maintenon : dites-lui que je le désire passionnément !

Mon oncle s’en fut à Saint-Cyr dès sept heures du matin ; Mme de Maintenon finit par se rendre à ses instances, et elle resta dans son lit pour attendre le Czar, sans faire changer la moindre chose à la disposition de sa chambre, ni même à celle de sa coiffure. L’antichambre et les deux salons de son appartement étaient restés tendus en noir, nonobstant que le deuil du roi fût terminé, mais sa chambre était remeublée comme à l’ordinaire en damas rouge. Elle était dans son lit sous un couvre-pieds d’hermine, elle avait une camisole de velours gris, des cornettes plates sous une coiffe noire, et des mitaines de la même couleur. Le seul préparatif qu’elle eût fait après le départ du Maréchal et pour recevoir le Czar, c’était d’avoir ôté ses mitaines : ainsi vous voyez que je n’ignore aucun détail[1].

Mon oncle revint à Saint-Cyr avec son Czar Pierre, et pendant sa visite qui dura près d’une demi-heure, il n’y eut absolument dans la chambre de Mme de Maintenon que le Maréchal de Tessé et le Prince de Couraquine, lequel était plénipotentiaire du Czar à Paris et lui servait de truchement. Le Czar avait commencé par saluer en fermant les yeux, et en s’inclinant assez bas pour toucher la terre avec les doigts de la main droite (politesse de

  1. Voyez Dangeau sur l’étiquette des gants et le cérémonial des mitaines (Note de l’Edit.)