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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sequins qui lui avaient été payés d’avance. Le Cirulli dit à l’armurier qu’il était charmé d’avoir prévenu son ennemi… — Seigneur Comte, lui répliqua cet homme de conscience, cela ne vous servira de rien car j’avais donné ma parole d’honneur… et ce disant, il applique à Cirulli deux coups de stylet qui lui percent le cœur. Les domestiques du Comte étaient accourus au cri qu’il avait fait en tombant ; mais Marto se débarrassa d’eux à coups de poignard, et s’enfuit dans les monts bénéventins, où tous les brigands d’Italie vinrent se rallier autour de lui. C’est un acte de probité qui se trouvait alors dans toutes les bouches plébéiennes ; les bandits sont les héros du peuple dans tout le midi de l’Italie ; et je pense que dans la Romagne Emiliane et Flaminienne, on parlera long-temps del bravo Domenico Marto[1].

Au moment où le pape Innocent XIII faisait son entrée dans la Basilique de Saint-Jean de Latran qui est l’église cathédrale de Rome, car celle de Saint-Pierre n’est, à proprement parler, qu’un grand oratoire et que la chapelle palatine du Vatican, ceci dans la hiérarchie sacerdotale au moins, et suivant les traditions presbytérales de la ville sainte, je vous dirai que je m’y trouvais placée

  1. Un anonyme a fait imprimer une partie de cette anecdote en 1819, sans nom d’auteur et sans autre embarras que celui d’y changer les noms des personnages et celui de la ville.

    Il est assez connu que les deux opuscules attribués à cet anonyme ont été copiés dans un manuscrit intitulé Mémoires inédits du Comte de Cagliostro. L’éditeur des Souvenirs de Mme de Créquy a déjà réclamé dans les journaux contre cet abus de confiance.

    (Note de l’Éditeur.)