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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

fié l’église en démasquant le jansénisme et les quiétistes : que son nom saint soit éternellement béni !

Je vous dirai que les membres du sacré collège se trouvaient partagés, comme de coutume, en deux factions capitales, les Zelanti et les Politichi ; ce qui ne signifiait pas que les Zélés fussent des fanatiques, ni que les Politiques fussent des gens sans scrupules ; on n’appliquait ces dénominations qu’à la manière d’envisager la direction qu’il fallait donner aux affaires du Saint-Siége, et le caractère ou les habitudes personnelles des Cardinaux ne s’y trouvaient pour rien. Ces deux grands partis étaient divisés en quatre factions ; la Romaine, l’Italienne, la Gallicane et la Tudesque. Le but de la faction Romaine était d’élire un sujet romain, grand seigneur, et ceci pour le profit et l’agrément de la noblesse suburbicaire. Les Italiens travaillaient pour empêcher ce monopole, les Germains intriguaient pour faire élire un pensionnaire de l’Empereur, et les Français manœuvraient pour contrarier les Impériaux, en inclinant vers les Politichi des trois autres factions. Le grand Roi n’existait plus, le fils aîné de l’Église était mineur, et c’était là où se bornait toute l’ambition de notre conseil de régence.

Les Cardinaux de la nation française étaient alors Nosseigneurs de Rohan, de Noailles, de Gèvres, de Polignac et de Bissy ; et le chef de la faction gallicane en Italie n’était rien moins que le neveu du Pape Alexandre VIII, le Cardinal Ottoboni, Évêque de Sabine et Abbé de Saint-Paul de Verdun. (Prenez garde à cette qualification fran-