ter pour se développer et pour éclater dans tout son lustre à la génération de Philippe-Égalité.
On ne parlait alors dans toute la Haute-Italie que de Ferraccino, le célèbre Ferraccino, qui ne savait pas lire et qui pourtant venait d’ajuster un télescope de son invention sur la tour de la Mirandole. Il est bon d’observer en passant que l’Empereur Charles VI avait dépouillé les Picci de leur droit héréditaire à la souveraineté de cette petite province, dont il avait gratifié son beau-frère, le Duc de Modène et de Reggio, ce qui n’empêchait pas le Cardinal Pico de rester gibelin moyennant une pension de quarante-cinq mille écus que lui payait l’Empereur ; ce dont il n’aurait jamais eu le profit si le Duché de la Mirandole était resté dans sa famille.
C’était là tout le secret du dévouement du Cardinal de la Mirandole à la cesarea corona. — Erano Cesari tedeschi che noi avevano fatti sovrani Principi del imperio, disait-il à mon père, avec un faux air de résignation douloureuse. — Eh bien mon Prince, Dominus dedit, Dominus abstulit ; sit nomen Domini benedictum ! Il paraît que vous suivez le précepte évangélique à la lettre, lui dit mon père, et c’est une excellente disposition pour entrer en conclave. Malheureusement pour le César germanique et ses protégés, il se trouve que notre conseil royal de régence ne montrera pas cette abnégation généreuse et cette mansuétude archangélique dont vous donnez à tous les princes de la terre un si mémorable exemple ; aussi bien dois-je avertir votre Altesse Éminentissime que s’il était question de choisir un Pape entre les Cardinaux de la faction