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La pièce qui va suivre est une étrange mercuriale adressée, par la Reine Douairière, Louise de Vaudémont, à Henri IV, et l’original de cette lettre fait partie de nos archives au chateau d’Heymont.


« À MON FRÈRE ET COUSIN
LE ROY DE NAUARRE.

« Monsieur, je uienz pour me plaindre a uouz du sieur de Rosny vostre lieux tenant, lequel est uenu troubler la saincte paix de ma maison de Chenonceaulx, en se logeant et malhœuvrant sur ma ditte terre avec ses artilherye, gents d’armes et soudards, et comme aussi grand nombre de cheuaultz et mulletz, au destrimant des bonnes gents du payz, que je vouz prie uous souuenir, Monsieur, qu’ilz me sont uassaulx resputez et teuutz par moi comme enfantz trez affectionnez. Vouz disant aussy que deburiez bien destre pitoyable pour eulx en ordonnant au dict S. de Rosny qu’il se desparte de céanz où ses gents font mil rauages, et que ne sopiniastre encore d’offancer la Sérénité royalle en ma personne en se maintenant sur terres de mon obéissance, come il ose de le faire. Si uouz faicts-je porter par ce mien gentilhomme un libvret qui vouz pourroyt, come je pense et le uoudroiz, esclaircir l’esprit, et vouz puy dire encore une foix, Monsieur, que je prie continuemant nostre Seigneur et sa benigne Mère pour vostre conuersion.


« Uostre bonne sœur et cousine,
« LOUYSE. »

A Monceaulx ce XVIII de feburier. »