Page:Créquy - Souvenirs, tome 1.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
SOUVENIRS

une fraction de rocher poli ; mais la pente en est tellement raide, et cette ouverture aux murs du couvent se trouve à une telle hauteur, qu’on y reste en pleine sécurité sur les introductions ou les évasions, ce qui fait que l’arcade en reste ouverte, indifféremment et continuellement pendant le jour et pendant la nuit. On a conservé la mémoire d’un prisonnier… (Il se trouve ici plusieurs lignes qui sont devenues indéchiffrables.) On voit de l’autre côté du nord, cette prodigieuse muraille appelée la merveille (Lacune d’une page)… et l’on rejetait au Comte de Montgommery qui vigilait au pied du mur, et qui attendait impatiemment son tour pour être hissé le dernier de sa troupe, ainsi qu’il est du devoir d’un chef prudent ; on lui rejeta par les mâchicoulis, vous disais-je, une trentaine de cadavres affublés chacun d’une robe de bénédictin, ce qu’il prenait pour des moines, tandis que c’étaient ses propres soldats à qui l’on avait tranché la tête. Quand son tour de monter fut arrivé, il se trouva prisonnier du Père Abbé, qui le retint en captivité jusqu’après l’abjuration d’Henri IV.

Un effort de construction qui n’est pas moins merveilleux que cette muraille, est une réunion de quatre immenses piliers gothiques, qui supportent une voûte sur laquelle ont été bâtis le rond-point du sanctuaire et la base du grand clocher ; lesquels ne portent point d’aplomb sur le rocher principal, et sont édifiés en dehors de son plateau. Il n’y a que des Moines et des Bénédictins qui puissent avoir entrepris et fait exécuter une conception si savante, et si grandiose ! On parle toujours de la Dyploma-