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SOUVENIRS

En arrivant sur les terres de la Baronie de Genest, qui appartiennent aux moines de Saint-Michel, nous y trouvâmes un envoyé de ces révérends pères qui attendait leur insigne et vénérable sœur de Montivilliers, à laquelle il ne manqua pas d’indiquer certaines choses indispensables pour la régularité de son pèlerinage. À partir de là, Madame l’Abbesse et ses deux assistantes devaient garder le silence le plus absolu (ce qui ne m’en plaisait pas mieux) ; lorsque nous fûmes arrivées sur le bord de la Grève, ma tante descendit de son grand coche pour faire à pied le reste du trajet. C’était, à ce qu’il me semble, au delà d’une petite ville appelée Pontorson, et c’était à l’endroit de la côte qui se trouve le plus rapproché du Mont-Saint-Michel. Si l’on descendait sur la grève au-dessous d’Avranches, aussitôt qu’on aperçoit le Mont, la traversée serait de beaucoup plus longue ; cette route est souvent impraticable à cause des fondrières et des sables mouvans ; et, du reste, elle est toujours très-dangereuse.

Il me semble que nous marchâmes environ pendant une heure sur une plage sablonneuse et ferme, toute parsemée de coquillages, ayant à droite les côtes vertes et boisées de la basse Normandie, à notre gauche, l’Océan breton qui n’était pas moins paisible et moins bleu que le ciel ; et, en face de nous, un

    lemandes font encore une étrange bévue lorsqu’ils emploient en français le mot actuel au lieu d’actif. On s’est moqué, (pendant tout un hiver, à Paris, des cartes de visite de M. le Comte de Beus, Chambellan actuel du feu Roi de Pologne, Electeur de Saxe.

    (Note de l’Auteur).